Définition :
C’est la fonction par laquelle le bol alimentaire et salivaire sont propulsés vers le pharynx, l’œsophage puis l’estomac passant par le carrefour aéro-digestif avec arrêt de la respiration.
La déglutition est une fonction évolutive qui met en jeu des contractions rythmiques des joues, des lèvres et de la langue, cette dernière représente un élément important dans le déroulement de cette fonction.
La déglutition est une fonction trilogique, elle se passe au niveau de trois étages anatomiques différents : la cavité buccale, le pharynx et l’œsophage,
Le temps buccal : où arcades en occlusion, la pointe de la langue appliquée contre la voûte palatine, le bol alimentaire est poussé vers le pharynx , les muscles péribuccaux au repos.
Le temps pharyngien : où se produit la fermeture des voies respiratoires, les voies nasales par soulèvement du voile du palais d’une part le larynx par abaissement de l’épiglotte d’autre part ; pendant que les muscles constricteurs du pharynx poussent le bol vers l’œsophage
Le temps oesophagien : où le péristaltisme fait progresser le bol vers l’estomac.
Les deux derniers temps sont réflexes, le temps buccal nécessite la participation volontaire du sujet.
Examen clinique :
Examen exobuccal :
Le patient est invité à déglutir sa salive, on examine au cours de la fonction, la dynamique faciale (lèvres, joues, menton) c’est à dire :
L’orbiculaire des lèvres ; dans le cas d’une déglutition physiologique, l’orbiculaire des lèvres est au repos ; dans le cas contraire ce dernier se contracte. L’examen peut se faire en plaçant les deux index au niveau des commissures labiales, ils peuvent être chassés par une forte contraction de l’orbiculaire si la déglutition est pathologique.
Il est de même pour la houppe du menton et du buccinateur, le patient est prié de déglutir une gorgée d’eau, lèvres jointes. La contraction de ces deux muscles est signe de déglutition pathologique
Examen endobuccal :
L’examen est effectué en tirant sur la lèvre inférieure vers le bas de façon qu’on puisse voir :
L’appui de la pointe de la langue qui peut être plaqué contre la papille rétro incisive dans le cas d’une fonction normale.
Position de la langue entre les dents.
Examen occlusal ; noter le recouvrement incisif, l’overbite.
Physiologie de la déglutition :
Il existe trois types de déglutition selon l’âge du sujet :
La succion –déglutition du nourrisson :
Elle s’effectue les crêtes séparées, les lèvres constituent un système clos sur un élément extérieur (sein, tétine, pouce) ou sur elles-mêmes (lèvres serrées). La bouche se comporte comme une pompe à vide dont la langue joue le rôle d’un piston qui pousse les liquides vers le pharynx comme dans une seringue selon un mouvement rythmique de montée et de descente de la base de la langue ; tandis que la pointe de la langue se situe entre les crêtes gingivales. La contraction des muscles péribuccaux et des lèvres caractérise ce type de déglutition.
Déglutition infantile et transitoire:
Considérée comme physiologique jusqu’à l’age de 4 ans, la déglutition infantile se caractérise par ce qui suit :
· Arcades séparées
· Interposition linguale entre les deux arcades.
· La langue en contact avec les lèvres et les joues.
· Fortes contractions labiales pour s’opposer à la pulsion linguale.
· Contractions des muscles péribuccaux : l’orbiculaire des lèvres, buccinateurs et parfois les muscles de la mimique.
Au delà de l’age de 4ans et jusqu’à l’age de 10 ans, il existe une période de déglutition transitoire, étant toujours de type infantile. La déglutition infantile n’est considérée comme atypique ou pathologique qu’après avoir dépassé les 10ans et ce du fait qu’à cet age, la maturation de la fonction ainsi que la présence d’une denture mixte instable sont mise en cause, cela se voit par exemple lors de la chute prématurée des incisives lactéales où la langue trouve un espace qu’elle ne doit normalement pas occuper, cette position de la langue persiste même après l’éruption des incisives permanentes ce qui contribue à l’installation d’une déglutition atypique.
Déglutition adulte :
En son temps buccal, elle se fait arcades en occlusion, la pointe de la langue appliquée contre la voûte palatine au niveau de la papille rétro incisive ou bunoide, les bords sont appliqués contre les faces palatines des prémolaires et molaires maxillaires alors que la sangle musculaire oro-faciale soit au repos, lèvres jointes sans efforts ni crispation.
Déglutition pathologique :
Appelée également primaire, atypique ou encore archaïque, la déglutition pathologique est la persistance de la déglutition infantile à l’âge adulte, elle correspond à une interruption dans la maturation de la fonction ce qui coïncide avec la présence de denture mixte.
Etiologie :
· Habitudes parafonctionnelles : succion du pouce, persistance d’un tic de mordillement, etc.
· Une déglutition atypique peut être due à une rupture de l’équilibre du couloir de Château : il illustre l’équilibre entre deux groupes musculaires ; les muscles faciaux et la langue. Les muscles péribuccaux exercent une force centripètes sur les dents ; la langue vestibule les dents. Le couloir de Château est la zone d’équilibre où s’affrontent les muscles, l’arcade est le reflet de cet équilibre.
· Présence de végétations adénoïdes et/ou amygdales volumineuse qui peut contribuer à la protrusion et l’interposition linguale.
· Chute prématurée des incisives supérieures lactéales.
· Eruption tardive des incisives supérieures permanentes.
· Problème dysfonctionnel de l’ATM
Retentissement sur la face :(photos)
Plusieurs anomalies dans les différents sens de l’espace sont la conséquence d’une déglutition atypique et ce-ci suivant la position de la langue :
La pulsion linguale antérieure :
Dans le sens sagittal : elle est responsable d’une proalvéolie supérieure par pulsion antéro-supérieure associée à une linguoversion des incisives inférieures.
Biproalvéolie dans le cas d’une pulsion bimaxillaire.
Dans le sens vertical : béance antérieure.
La pulsion mandibulaire : poussée mandibulaire complète avec :
Dans le sens sagittal : Proalvéolie inférieure avec diastèmes.
Une tendance à la classe III.
Des relations inter arcades en bout à bout incisif dans le sens vertical.
Des marques dentaires sur le bord marginal de la langue.
La pulsion unilatérale :
Poussée latérale sur un côté préférentiel :
Béance latérale et vestibulo-version des dents sur le côté de la praxie ; les autres dents en occlusion normale.
Autres retentissements :
_Hypotonicité des lèvres et des muscles.
_Croissance faciale à tendance verticale.
_ Phonation perturbée.
_Syndrome de CAUHEPE-FIEUX :
§ Interposition unilatérale de la langue.
§ Infraclusion.
§ Palato version.
§ Trouble de la dimension verticale.
§ Latérodéviation.
§ Latérognathie.
§ Endognathie et endoalvéolie.
§ Trouble de l’ATM.